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IA raisonnée, théâtre d’usage et coopération transatlantique : retour sur un sprint design pas comme les autres

Pendant une semaine, j’ai eu la chance de concevoir et faciliter un sprint design au cœur du projet IA-CITES, à Shawinigan, Québec. Ce projet de coopération franco-québécoise réunit la Ville de Chambéry, Grand Chambéry, la Ville de Shawinigan et le DigiHub, avec un objectif clair : développer des solutions d’intelligence artificielle au service de l’intérêt général. Mais ici, pas question de céder aux mirages de la technologie.

L’IA comme levier, pas comme solution miracle

Dès le départ, la posture adoptée était volontairement critique :
À quels besoins répond-on vraiment ?
L’IA est-elle utile ici ? Ou serait-elle superflue, voire contre-productive ?

Nous avons posé une règle simple : l’IA n’est pas une fin en soi. C’est un outil, qui doit s’inscrire dans une logique de service public sobre, accessible et humain

Un sprint design ancré dans le réel

Pendant cinq jours, nous avons suivi les grandes étapes d’un design sprint, en les adaptant au contexte public et aux enjeux de l’IA :

Acculturation partagée : une « bataille de l’IA » pour explorer les impacts sociaux et environnementaux de cette technologie. Un temps fort, accessible et engagé, pour ouvrir la discussion et aligner les consciences.
Immersion terrain : écoute active des agents publics de Chambéry et Shawinigan, pour comprendre les usages et les irritants quotidiens.
Idéation collective : croiser les points de vue, faire émerger des pistes sobres et utiles.
Scénarisation incarnée : ici, nous avons remplacé les traditionnels parcours utilisateur par des saynètes de théâtre. Des mises en situation jouées par les participants, pour éprouver les idées dans des contextes réels.
Prototypage et tests : matérialiser les hypothèses et les confronter à des usagers, sans filtre.

Ce format vivant permet de passer de l’intention à l’expérimentation, en évitant les pièges de la solution toute faite.

Le pouvoir des saynètes : incarner les usages

La mise en scène de situations du quotidien a été un tournant fort du sprint. Jouer un échange avec un usager, simuler une demande de renseignement assistée par IA, ou revivre un blocage administratif :

Cela rend visible l’invisible.
Cela révèle ce qui fonctionne (ou non) dans une solution.
Cela crée de l’empathie, du rire parfois, et surtout, de la clarté.

Une coopération fertile entre territoires

Ce sprint n’a pas seulement produit des idées. Il a aussi nourri des liens interculturels profonds.

Chambéry a apporté son engagement pour un numérique responsable, ancré dans les valeurs du service public.
Shawinigan a mis en avant son dynamisme technologique et son ancrage local via le DigiHub.

Les échanges entre ces deux cultures administratives ont été puissants : bienveillants, exigeants, et surtout, très inspirants.

Ce que je retiens

En tant que facilitatrice et conceptrice, j’ai vu la magie opérer quand :
Les barrières tombent.
Les rôles s’effacent.
Les idées prennent corps.
Chacun trouve sa place pour contribuer.

Je ressors de cette expérience inspirée, avec la conviction renouvelée que :

Nous pouvons faire autrement.
La sobriété et l’utilité sont des boussoles précieuses.
Les coopérations interculturelles sont des terrains fertiles pour innover avec sens.